Les no-balls
Une idée me turlupine – et dans ce verbe croquignolet, comme chacun sait, il y a turlutte, pine et lupanar, pas étonnant donc que l’idée ait accouché d’un beau B.B. (= Blog Billet).
Faut-il, lorsque la nature nous a dotées d’un minois pas trop disgracieux, d'un cortex en état de fonctionnement et d’un corps pas viscéralement éloigné des canons de beauté occidentaux contemporains – le photoshopillage en moins -, assumer l'indépendance de notre condition de successful working girl à la Robin Scherbatsky (cf. HIMYM – et oui, j’ai vérifié l’orthographe sur wiki mon amie pedia), ou bien jouer les chieuses-mièvres-et-sans-saveur-mais-rassurantes, afin de séduire et se garder, le temps d’un CDD plus ou moins long, un sans-couilles-qui-a-néanmoins-un-phallus-assez-large-(toujours privilégier la largeur à la longueur)-pour-nous-satisfaire-le-temps-dudit-cdd ?
En un mot, faut-il simuler (et pour une fois je parle pas de sexe)?
Parce que l’on est bien d’accord (et d’aucuns de mes amis de la gente masculine pourtant si diamétralement opposée l’attesteront), les mecs d’aujourd’hui sont sans couilles. No balls. No cojones. No Eier (en Allemand, littéralement, sans oeufs – ils sont champêtres ces Allemands).
Qu’est-ce que j’entends par là?
Qu’ils n’assument pas. Que les hormones issues des pillules contraceptives qui se retrouvent dans l’eau du robinet ont dû manifestement atteindre le programme interne de leur patrimoine génétique et transformé irréversiblement la substantifique moelle de leur âme de guerrier pour faire de nos chasseurs-cueilleurs des bites-molles-en-barbapapa.
Exemple concret #1: le ball-less de l'autre côté de l'Atlantique
Prenez une hypothétique Kinky. Mettez-la dans une potentielle soirée bostonienne. Placez dans la même pièce un bel harvardien affable, ayant lu Anaïs Nin. La mayonnaise prend, gicle, retapisse l'appart entier. Kinky, après 6 mois de love-storiage intense, agrémentés de moult déclarations, always, nevers, et forevers, repart en France. L'harvardien skype presque tous les soirs avec la Kinky et clairement lui masserait bien les cuticules jusqu’à ce que la faucheuse les sépare. Mais au terme d’un an d’allers-retours Boston-Paris et de retrouvailles hottissimes à Charles-de-Gaulle, ses emails vocalisent de plus en plus son complexe d'infériorité et il finit par déclarer – toujours sur skype – qu’il ne se sent pas assez aimé et qu’il a donc décidé de se remettre en couple avec son ex, une insipide Cheryl qui se piote tous les soirs à 22h. Il a une Falbala en France, mais non il préfère rester avec la locale Bonemine. No-balls.
Deuxième exemple concret: le ball-less de l'autre côté du Channel
Prenez une hypothétique Hottie. Mettez-là au milieu d'un groupe de touristes visitant un monument de la couronne britannique. Placez dans le décor gothique flamboyant un guide tout à fait yummy que la Hottie roulerait bien en maki pour le dîner. Laissez les phéromones oeuvrer et la barrière de la langue céder sous des flots de salive franco-anglais. Hottie repart en France. Le guide emaile, skype, texte, MSN-ne, What'sApp-e. Conversations indécentes. Cybersexe. Mais depuis 3 ans, le guide n'a toujours pas pris l'eurostar car il ne veut pas tromper sa copine (parce qu'éjaculer devant une cam' en ahanant "I want you so bad, I'm rock hard blahblah grabbing you blahblah into your wet pussy etc." apparemment, c'est rester fidèle - les mystères de la sémantique masculine me sont décidément impénétrables...). En tout cas: no balls.
Troisième exemple concret: le ball-less de l'autre côté de la Loire
Prenez une autre hypothétique Hottie. Mettez-la au beau milieu d'un RER A blindé un soir de juin à 19h. Placez dans le wagon un garçon very miâm. Laissez une baston basic-instinct-esque de regards opérer, des numéros et des fluides sexuels être échangés (responsable de la sécurité de la station Opéra, si tu nous regardes!). Le Miâm-boy retourne quand même dans son pays bordelais une semaine après pour retrouver son officielle avec qui "au pieu c'est pas le pied, elle est chiante, elle me soûle", mais "au moins elle vit dans la même ville et les mecs la matent pas quand on sort."
Libellule nickylarsonienne au-dessus de la Hottie - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ><>():
Où diantre sont passés les Spartacus (cf. la série américaine éponyme dans laquelle on voit de virils beaux gosses à moitié à oualpé se battre dans la neige en one to one, chair contre chair, oeil de faucon pour oeil de lynx, canines de fauve pour canines de prédateur, puis faire l’amour torridement à leurs dulcinées sur-tétonisées au milieu de peaux de bêtes fumantes – je mouille rien que d’écrire la phrase)?
L’homme d’aujourd’hui (encore de source sûre) aime le confort rassurant d’un couple monotone et sans surprise, où la moitié possédant les gamètes (=lui) se complaît du bonheur indicible de se sentir indispensable et de sentir l’autre moitié (=la porteuse d’ovules) dépendante, accro, vulnérable, et surtout inférieure. C’est d’un cliché et d’un pathétique à en arracher les pages et les cheveux de Flaubert et son dictionnaire des idées reçues.
L’homme veut dominer - mais il n’a plus les moyens de le faire. Il va donc spontanément se mettre en couple avec un spécimen anecdotique de l’espèce féminine, tout en flasquitude et insécurité composé. Parce que les autres, elles font peeeeeuuuuuuur......
Dur à admettre. Fab girls of the world, unite. We’re screwed.
Si on veut pas finir avec un Henry dans notre lit (avec tout mon respect, Henry, mon gros chaton) et qu'on veut ferrer un homme de sexe miâm, va falloir manigancer, les filles.
Exemples du manuel de la trentenaire sexy qui fait peur aux hommes mais qui accepte de faire des compromis pour la bonne cause (= la sienne):
1. Apprendre à faire à manger: oui, c'est pas avec nos plats picard qu'on les rassure quant à un avenir culinairement excitant. Et comme le disait ma chère Madre, "Le premier soir où j'ai invité ton père à venir chez moi, je lui avais fait un poulet rôti et une tarte aux pommes. Tu sais, les hommes, faut les prendre par les papilles." (ah ben oui, puisqu'on peut plus les prendre par les couilles, ça fait sens...). Bon faut que je m'inscrive à un cours du soir. Ils en donnent à la Mairie de Paris, vous croyez?
2. Faire la neuneu parfois à des moments opportuns mais pas trop souvent non plus: pas en société forcément, parce que là il faut faire montre de notre esprit raffiné pour lui gonfler les couilles à l'hélium auprès de ses pairs; mais par exemple, dans des conversations en one-to-one, où il soutient mordicus un truc et que vous soutenez mordica un autre trac; là, c'est parfait. Montrez-lui qui est le maître (indice: lui; faites-vous un post-it, collez-le sur votre shorty au cas où).
3. Faire en sorte de gagner moins que lui: c'est facile, mentez euh... minimisez. Vous n'avez pas beaucoup de responsabilités, vous vous occupez de zentils nenfants toute la journée, non, vous n'avez aucun contact avec des individus de même sexe que lui, vous avez un beau ptit rôle de ptite nana sans embrouille toute choupinette pas prise de tête que personne la regarde ça le rassure trop. Jouez-la non pas comme Beckham mais comme Miranda quand, lors d'un speed-dating, elle finit par dire qu'elle est hôtesse de l'air (ouais aux US, c'est pas glam d'être hôtesse, c'est larbine avec les trous d'air en bonus) pour qu'enfin un mec ne parte pas en courant ses couilles en bandoulière.
4. Au lit, on va dire que "less is more", à savoir: faites comme si vous n'aviez pas déjà essayé toutes les positions du Kama Sutra, que la sodomie était une terra incognita pour vous, assurez lui qu'un nombre vraiment très limité de mâles vraiment très mal membrés vous ont honoré auparavant, enfin plutôt se sont tenus dans une position horizontale sans vêtements à côté de vous quelques nuits de votre vie (le nombre de nuits tenant sur les doigts de deux mains... euh une main max). Bref, vous êtes pas une vierge (parce que ça fait moyenageux), mais vous n'êtes pas une bête sexuelle à la Samantha (parce que ça c'est trop intimidant pour un ball-less guy qui a besoin de se sentir mââââle). Autrement dit, privilégiez la levrette à l'amazone et s'il vous sodomise, ayez l'air surpris pour faire crédible.
Mais si vous n'êtes pas motivées pour la méthode "mettre le grappin sur", le salut réside-t-il alors dans le schéma labichien de la femme, le mari et l’amant? A savoir, avoir un mec pour le quotidien rassurant et se taper régulièrement un amant tout champagne-et-boxer-à paillettes-vêtu? Autrement dit désolidariser la passion de la raison, et concilier les deux dans un schéma triangulaire (ou hexagonal pour les insatiables parmi nous. cf. cartoon).
Un trentenaire rencontré l’année dernière me l’a explicitement expliqué avec force messages FB: la passion, c’est surfait. Rien ne vaut les rendez-vous galants ponctuels et espacés pour pimenter la vie et le quotidien, rendez-vous dépourvus de tout le drame des relations passionnelles. Suivant cette philosophie, le monsieur en question se tapait régulièrement 3 ou 4 nanas en alternance (auxquelles il ne cachait rien de son statut de polynikeur) et semblait avoir trouvé le nirvana de la relation amoureuse : no strings attached, pas de comptes à rendre, de trucs à construire (mon dieu, quelle horreur), de la pure éclate sexuelle sans chaussettes sales (j'avoue qu'il a failli me convaincre sur ce dernier argument). L’une d’entre elles était mariée, et le mari était au courant de la relation extra-conjugale de sa moitié et trouvait cela tout à fait sain que ladite moitié s’éclate dans le pieu d’un autre (moi je lui en aurais personnellement planté un de pieu dans le coeur – mais je dois avoir un ptit côté buffy mal contenu).
PS: Celui qui me traite de néo-féministe aigrie mal baisée (ce qui dans l'état où j'ai écrit ce billet il y a un mois était unpeubeaucoup vrai) et me conseille de prendre un chat, il se prend un pieu dans les couilles (qu'il n'a pas - cf. ce post).
Your Hotness