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What Henry Knew
22 mars 2011

Allo, Wonder? Ici la Terre

moon_lady_May_16_pin_upCher Lecteur,

Parfois, il arrive à la Wonder d’être à l’ouest.

Non, ça veut pas dire que je prends le TGV pour Quimper.

Ca veut juste dire que, parfois, mes neurones – de coutume plutôt vivaces et incisifs dans leur traitement de l’information – font grève. Surtout pour des trucs pratiques. Ces trucs pas très exigeants intellectuellement, mais dont dépend la survie de l’espèce, comme s’orienter, noter un numéro, ne pas laisser passer un délai, appeler pour remercier la dame.

En somme, c'est un Ouest métaphorique, plus proche de Mars que de Plougastel.

Et ça donne parfois lieu à des situations cocasses.



Exemple numéro 1: Circonstances aggravantes (la mononucléose)


screaming_beatles_fans_1_Quand j’avais quinze ans, j’étais une chenille. Intello binoclarde première de la classe, qui aurait cru que je devinsse Wonder, that sexy thing ? Bon, j’étais quand même assez rock and roll pour porter des docs et des t-shirts Metallica et pour aller concert de Therapy? (oui, le point d'interrogation FAIT PARTIE du nom du groupe, c'est une marque de typographie rock, comme le tréma pour le heavy metal, cf. Mortalh Dekömpözishön). Ecrasée contre la scène, au premier rang, j’ai bu l’eau des bouteilles en plastique que faisaient passer aux fans en sueur les mecs de la sécurité.

Et j’ai chopé la mono.

Commentaire dans la cours du lycée : « Koâ ? Wonder a la mono ? Hahaha, c’est pas possible, je vois pas qui pourrait vouloir l’embrasser ».

Ouais, depuis, je me suis largement vengée.

(Ca y est, vous comprenez par quel travers psychologique j’en suis venue à tringler des -13 ?)

Enfin. La définition de quelqu’un qui a la mono, c’est qu’il ne sert à rien. Un peu comme un couteau suisse sans le manche. Il est crevé au plus haut point, il perd tous ses réflexes.

Je n’ai pas fait exception.

Aussi, quand, un jour, au beau milieu de la maladie du baiser (grrr) j’ai voulu savoir l’heure, je me suis vaguement souvenue que l’information me serait donnée par ma montre.

Sauf que je l’ai pas regardée.

Je l’ai reniflée.

...

senior_moment_woman

 

Exemple numéro 2 : C’est la te-hon (le numéro de téléphone).


flying_saucer_girl

Un jour, Wonder donne rendez-vous à une copine d’une copine pour voir un concert.

Avant de partir, prévenante, Wonder relit les messages échangés sur facebook et note le numéro de la copine (pas l’ancienne, qui est en mémoire depuis 3 ans, mais la nouvelle – vous suivez?) dans son portable. Arrivée au point de rendez-vous, Wonder envoie un sms:

« J’y suis. »

Réponse immédiate :

« J’y suis ».

Ah, me dis-je, nos messages se sont croisés !

« T’es où ? »

Réponse tout aussi immédiate :

« T’es où ? »

Décidément, me dis-je.

« Devant le McDo »

Réponse express :

« Devant le McDo ».

Eberluée, je regarde à droite, à gauche – no copine. Je relis le sms, incrédule.

Je fixe l’écran de mon portable. Et c’est là que, lecteur, mes neurones sortent de leur torpeur.

Je vérifie le numéro de ladite nouvelle copine dans mon répertoire.

C’était le mien.

J’avais réussi à enregistrer mon propre numéro sous son nom sans percuter que je ne recopiais pas le bon 06 donné dans la conversation facebook.

Ca faisait donc 10 minutes que je m’envoyais des sms à moi-même.

...

Oui, je sais, ce n’est pas donné à tout le monde.

 

Exemple numéro 3 : Un samedi soir comme on n’en fait plus depuis 1995


little_miss_scatterbrainUn samedi soir lambda, je suis invitée par un couple de copains pour passer une soirée fort sympathique chez eux, à l’autre bout de Paris. Après un bus et deux métros, j’arrive enfin Place Biiiiiiiiip, j’émerge à l’air libre, pour le coup chargé d’humidité, et, frappés par cette fraîcheur soudaine, mes neurones se bougent les synapses.

J’ai oublié le post-it avec les codes des diverses portes menant à la sauterie et le numéro de portable des copains.

Qu’importe, me dis-je – je me souviens du numéro de l’immeuble, j’ai qu’à les appeler quand je suis en bas.

J’arrive donc devant la porte cochère, et je sors mon portable.

Enfin, je cherche mon portable. Dans mon sac. Dans ma poche. Dans des poches de mon manteau dont j’avais oublié l’existence (oh tiens ! une chupa chup cerise ! et… un billet de 50 francs ?!?).

No portable.

1270_la_fievre_du_samedi_soir_saturday_night_fever__ap_travolta_snf_071211_sshC’est la fête.

Je décide d’attendre devant la porte, en me disant qu’avec un peu de chance, un gentil voisin me laissera entrer, et qu’après il y aura un interphone, tout ça.

J’attends. Les gens passent, mais ils vont vers le métro, ou vers des soirées pour lesquelles ils ont un post-it avec les codes et les numéros de portable.

J’imagine tout le monde dans l’appart du 3e (ou du 4? misère, ça aussi c'était sur le post-it... eh meeeeerde), manger des tranches de cake olives-jambon, groover sous la boule à facettes et demander – « Et Wonder, elle devait pas venir ? Keskelfou ? ». Pendant ce temps, je désespère en bas de l’immeuble et je commence à sentir des gouttes.

Soudain mes neurones me soufflent une idée.

Ils sont pas trop en odeur de sainteté, rapport à l’oubli du post-it et du téléphone, mais je commence à avoir faim, et j'ai la frange qui frise avec l’humidité, alors je m’exécute.

Je rebrousse donc chemin jusqu’au métro, parce qu'avec mon sens de l'observation hyper-développé (on se rattrape comme on peut) j'ai aperçu dans la périphérie immédiate ces vestiges du vingtième siècle en général peuplés de clodos et sentant la vinasse : des cabines téléphoniques.

Ne laissons pas passer une opportunité d'apprendre :


*Illustration à visée pédagogique pour ceux qui n'ont jamais vu les machins en question*

 

cabine_telephonique

Voilà. Ouf, non?

Et demandez pas comment on faisait pour prendre des photos ou envoyer des MMS avec ça.


Je crois que la dernière fois que j’en avais utilisée une, c’était pour téléphoner au club Mickey dans le dos de mes parents, parce qu'ils trouvaient que 4 francs la minute pour parler avec Pluto, c'était abusé.

Je sors ma carte de crédit - oui, parce que maintenant, les cabines ne prennent plus de pièces (c’est dommage, j’aurais bien kiffé mettre mes pièces de 50 centimes l’une après l’autre, ç’aurait été tellement vintage) - et je marque une pause gestuelle et cérébrale.

Quel numéro composer ?

Raisonnement rapide : les informations dont j’ai besoin se trouvent dans ma boîte mail. Pour accéder à ma boîte mail, il faut taper mon mot de passe dans Yahoo. Il faut donc que je téléphone à quelqu’un de confiance, dont je connais le numéro par cœur, et qui sera chez lui ou elle un samedi soir.

Je m’apprête donc à taper le numéro de ma mère.

 

call_mom

Parfaitement.


*Pour des raisons diplomatico-familliales et culpabilo-judéo-chrétiennes, je précise que le personnage maternel ci-dessous est très librement inspiré de ma real-life génitrice, à qui je dois la vie, mon éducation, mes jambes et la recette de la quiche au saumon.*


mom_phone_call3

- Allô?

Maman, coucou, c’est moi...

- Wondie chérie !!!! Ah, ben, enfin, tu téléphones à ta mère, j'allais appeler les pompiers pour voir si ton cadavre n'était pas en train de se faire dévorer par un chinchilla dans ton appartement.

- (Ah, merdeeeeuh, je me disais bien...) Euh oui, euh, c'est-à-dire que tu comprends là j'ai été débordée, avec le boulot, les 3J des Galeries, la Saint-Patrick, tout ça, et...

- Oui et j’allais regarder la soirée théma sur Arte, y a un reportage sur le nucléaire, et un film sur Hiroshima, et d’ailleurs j’ai lu dans le Monde et Télérama que le réalisateur a écrit un essai sur l’esthétique du nuage, c'est passionnant, tu devrais le lire, et puis ils disaient justement sur France Culture ce matin que les nuages dans la poésie médiévale japonaise de l'ère...

- Euh, Maman, je suis désolée, je…

- Et voilà ! A chaque fois que je te dis de lire quelque chose, tu dis non !

- Non, mais c’est parce que là je te téléphone d’une cabine, et…

- Hein ?!?

(Quand même ta mère bloque sur le fait tu en sois réduite à lui téléphoner d’une cabine avec ta carte bleue un samedi soir, tu sais que tu as vraiment touché le fond.)

S’ensuit un résumé de la situation et la formulation de ma requête.

- Donc il faut que tu retrouves le message avec les codes dans ma boîte mail.

- Mais comment je fais ça ??


Et là, évidemment, je me rends compte du défaut majeur de mon plan : j’ai appris à ma mère les rudiments de l’envoi de messages il y  a un an en lui installant sa TrucBox, mais elle tape toujours avec l’index, et elle a encore du mal à accepter l’idée que ses mails puissent se trouver à la fois sur son ordi de chez elle et sur celui de son bureau en même temps.

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 - Bon alors, c’est pas sorcier, tu es sur Yahoo ?

 -   Oui.

 - Tu te déconnectes de ton compte. Tu vois en haut à gauche ? Déconnexion ? Tu cliques dessus.

   - (Ma mère, très fière :) Ca y est !

 - Bien, maintenant tu te relogges et tu mets comme identifiant « wondiemail » en un seul mot et après je te dicte mon mot de passe.

    - Mais attends, « wondiemail » on me dit « mot de passe erroné » !

 - Maman, c’est parce que tu t’es pas entièrement déconnectée. Il faut cliquer sur « se connecter sur un autre compte ».

-  Ah ! Ben tu m’expliques rien ! Comment tu veux que je devine ?

(Ne pas répondre, penser au cake au jambon et au Pouilly.)

- OK, pardon. Bon, tu y es ?

- Oui.

- Alors, mon mot de passe, c’est « Gjq27?rt3685!! ».

- Hein ?? Tu pouvais pas faire plus compliqué ??

- Ben Maman, si tu veux pas qu’on te pirate ton compte, faut utiliser des chiffres et des signes de ponctuation.

- Mais alors pourquoi mon mot de passe c’est « mot de passe » ?

- Ah oui euh... Ben quand je l’ai choisi pour toi, je me suis dit que ce serait plus facile à se rappeler, puis c’est pas comme si t’avais des secrets défense sur ton compte non plus…

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- Ca veut dire que tu penses que je suis débile et que je ne sais pas régler mes factures Cofinoga sur internet ?

- Mais non, c’est pas ce que je voulais dire, mais là bon Maman, c’est pas le moment (3,56 euros) ! Donc bon, tape mon mot de passe, je vais répéter lentement : G majuscule, j minuscule, q minuscule, vingt-sept, point d’interrogation, r minuscule, t minuscule…

- Il est où le t ?

- En haut au milieu du clavier, Maman.

- (très fière) Trouvé !

- Donc après le t, trente-six, quatre-vingt-cinq, point d’exclamation, point d’exclamation. Et tu cliques sur OK.

- Attends… voilà.

- Ca y est ? Ca marche ??

- Ben oui. T’as l’air surprise. Tu pensais que j’y arriverais pas ? Je suis pas si débile que ça.

- (Essaie de camoufler ton exaspéré et panique montante) Mais non, Maman, je pense pas que t’es débile, sinon je t’aurais pas téléphoné. (Cake aux olives, Pouilly – Pouilly, cake aux olives). Bon (regard sur le cadran du téléphone : 4,85 euros), maintenant tu tapes « Adeline » dans le cadre blanc au-dessus de « Boîte de réception » – celui où il y a marqué « recherche mail »...

- Ca y est ! Alors, ça me donne : « Adeline Halliday, la sex tape », « Adeline, médium ultra-lucide »...

- Mais attends, c’est des résultats Yahoo ça !! T’es pas dans YahooMail !!

- Ben je suis dans Yahoo, oui ! Tu m’as jamais dit d’aller dans YahooMail !!

- Mais c’est pas évident ?? Je t’ai dit qu’on cherchait des codes dans un MAIL. Un MAIL ! Pas sur internet !!

- (siffle) Ouhlaaaaa Wondie, tu arrêtes ça tout de suite, hein. J’aime pas ton ton. D’abord là je te rends service, j’ai besoin de rien moi, et si ça continue je retourne à la soirée théma et tu te débrouilles avec ton Adeline et ta soirée, hein.

- (Contrite) Non mais je voulais pas m’énerver, pardon Maman (5,37 euros). Donc tu cliques sur Yahoo Mail.

- Oui.

- Et là tu dois voir ma boîte de réception. Est-ce que quelque part sur l’écran tu vois « Boîte de réception » ?

(A ce moment-là, je suis pleine d’empathie pour tous les employés de hotline SOS internet du monde)

standardiste

 Oui.

- Bon, donc tu vois la case « recherche mail » au-dessus de boîte de réception ?

- Oui.

- Tu tapes Adeline, et dans les résultats, tu cherches le mail intitulé « Samedi soir ».

- Alors,  je lis « RE : RE : RE : RE : Samedi soir, Salut Wondie, ça nous fera méga plaisir de te voir, et d’ailleurs j’ai trop ri en lisant ton dernier post,  celui intitulé Mon Royaume… »

- NON !!!! STOP !!!!! C’est pas le bon (oh putain je me souviens plus si Adeline a écrit le titre en entier, si ma mère apprend que je parle de cunni sur mon blog, elle qui croit que c’est un blog sur le développement durable), regarde le PREMIER mail, pas « RE :RE », hein, juste Samedi soir.

- Attends….

(6,17 euros) 

phone_crazy

- « Nous vous convions dans notre modeste...

- Oui non mais Maman ce que je veux c’est les codes et le numéro d’Adeline, c’est tout.

- « …amenez de quoi boire, il y aura du cake aux olives… »

- MAMAN JE VEUX LE CODE, LA CONVERSATION EST EN TRAIN DE ME COUTER UN REIN.

- Hé ho, tu parles pas à ta mère comme ça ! Déjà que ton père considérait que je ne comprenais rien à rien, tu sais que les ordi c’est pas mon truc, tu pourrais quand même être patiente, déjà que je loupe le documentaire sur Hiroshima pour toi parce que tu n’es pas capable de penser à prendre ton portable...

- (je n’ai aucun honneur) Maman, je t’aime.

-  

- (Ma mère aime quand je suis honnête, donc je dis:) Maman, j’ai faim.

- ...Bon, ok, alors, « Code 1 », je lis : 394

- 394

- A majuscule,

- ?!? Mais Maman, c’est un digicode ! Je vais pas le taper en minuscules !!!

- ? 

- Non rien, rien, continue.

- 394 A majuscule, et pour le deuxième, B majuscule 824.

- Merci Maman.

- Mais franchement, Wonder, ma fille, tu devrais penser à prendre les codes avant de partir chez tes amis, et puis je t’avais dit qu’il fallait que tu m’expliques mieux comment utiliser ma boîte mail. Et d’ailleurs, COMMENT JE FAIS POUR REMETTRE MON COMPTE ?? »


 telephone_1

 

Trois euros cinquante-cinq plus tard, je raccrochais sans avoir été déshéritée, et je regagnais le 3e d’Adeline, où m’attendait, je vous rassure, au moins un tiers du cake jambon-olives.

Histoire de rentabiliser le coup de fil, je suis partie à 3h du mat, fin bourrée.

La morale de l’histoire ? Y en a pas, de toute façon je peux pas penser à me souvenir, ça impliquerait de me souvenir de me rappeler, et j’ai pas que ça à faire.

Et puis j’ai passé l’âge où on se promet de ne plus faire d’erreurs. Ca fait un bail que j’ai compris qu’il valait mieux les transformer en histoires.


 Your Wonderness

signature_wonder

 

 

 

 

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Commentaires
Y
Cher Alain Parfait, always a pleasure :) <br /> Du coup ça me donne une bonne excuse pour assumer mes absences...
A
J'aime beaucoup ces trois histoires avec une mention particulière pour la 2 qui m'a bien fait rire merci pour ce bon moment.
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